L'Etourdi
by
Moliere [Pseudonym of Jean-Baptiste Poquelin]

Part 3 out of 3




(revenant.)

A moi, par un valet, cet affront éclatant !
L'aurait-on pu prévoir l'action de ce traître,
Qui vient insolemment de maltraiter son maître ?

- Mascarille -

(à la fenêtre de Trufaldin.)

Peut-on vous demander comment va votre dos ?

- Lélie -

Quoi ! tu m'oses encor tenir un tel propos ?

- Mascarille -

Voilà, voilà que c'est de ne pas voir Jeannette,
Et d'avoir en tout temps une langue indiscrète.
Mais, pour cette fois-ci, je n'ai point de courroux :
Je cesse d'éclater, de pester contre vous,
Quoique de l'action l'imprudence soit haute,
Ma main sur votre échine a lavé votre faute.

- Lélie -

Ah ! je me vengerai de ce trait déloyal !

- Mascarille -

Vous vous êtes causé vous-même tout le mal.

- Lélie -

Moi ?

- Mascarille -

Si vous n'étiez pas une cervelle folle,
Quand vous avez parlé naguère à votre idole,
Vous auriez aperçu Jeannette sur vos pas,
Dont l'oreille subtile a découvert le cas.

- Lélie -

On aurait pu surprendre un mot dit à Célie ?

- Mascarille -

Et d'où doncques viendrait cette prompte sortie ?
Oui, vous n'êtes dehors que par votre caquet.
Je ne sais si souvent vous jouez au piquet :
Mais au moins faites-vous des écarts admirables.

- Lélie -

O le plus malheureux de tous les misérables !
Mais encore, pourquoi me voir chassé par toi ?

- Mascarille -

Je ne fis jamais mieux que d'en prendre l'emploi ;
par là, j'empêche au moins que de cet artifice
Je ne sois soupçonné d'être auteur ou complice.

- Lélie -

Tu devais donc, pour toi, frapper plus doucement.

- Mascarille -

Quelque sot. Trufaldin lorgnait exactement :
Et puis, je vous dirai, sous ce prétexte utile,
Je n'étais point fâché d'évaporer ma bile.
Enfin la chose est faite ; et si j'ai votre foi
Qu'on ne vous verra point vouloir venger sur moi,
Soit ou directement, ou par quelque autre voie,
Les coups sur votre râble assenés avec joie,
Je vous promets, aidé par le poste où je suis,
De contenter vos voeux avant qu'il soit deux nuits.

- Lélie -

Quoique ton traitement ait eu trop de rudesse,
Qu'est-ce que dessus moi ne peut cette promesse ?

- Mascarille -

Vous le promettez donc ?

- Lélie -

Oui, je te le promets.

- Mascarille -

Ce n'est pas encor tout. Promettez que jamais
Vous ne vous mêlerez dans quoi que j'entreprenne.

- Lélie -

Soit.

- Mascarille -

Si vous y manquez, votre fièvre quartaine !

- Lélie -

Mais tiens-moi donc parole, et songe à mon repos.

- Mascarille -

Allez quitter l'habit, et graisser votre dos.

- Lélie -

(seul.)

Faut-il que le malheur, qui me suit à la trace,
Me fasse voir toujours disgrâce sur disgrâce !

- Mascarille -

(sortant de chez Trufaldin.)

Quoi ! vous n'êtes pas loin ? Sortez vite d'ici ;
Mais surtout gardez-vous de prendre aucun souci,
Puisque je fais pour vous, que cela vous suffise ;
N'aidez point mon projet de la moindre entreprise,
Demeurez en repos.

- Lélie -

(en sortant.)

Oui, va, je m'y tiendrai.

- Mascarille -

(seul.)

Il faut voir maintenant quel biais je prendrai.


-----------

Scène IX. - Ergaste, Mascarille.


- Ergaste -

Mascarille, je viens te dire une nouvelle
Qui donne à tes desseins une atteinte cruelle.
A l'heure que je parle, un jeune Egyptien,
Qui n'est pas noir pourtant, et sent assez son bien,
Arrive, accompagné d'une vieille fort hâve,
Et vient chez Trufaldin racheter cette esclave
Que vous vouliez : pour elle il paraît fort zélé.

- Mascarille -

Sans doute c'est l'amant dont Célie a parlé.
Fut-il jamais destin plus brouillé que le nôtre !
Sortant d'un embarras, nous entrons dans un autre.
En vain nous apprenons que Léandre est au point
De quitter la partie, et ne nous troubler point ;
Que son père, arrivé contre toute espérance,
Du côté d'Hippolyte emporte la balance,
Qu'il a tout fait changer par son autorité,
Et va dès aujourd'hui conclure le traité ;
Lorsqu'un rival s'éloigne, un autre plus funeste
S'en vient nous enlever tout l'espoir qui nous reste.
Toutefois, par un trait merveilleux de mon art,
Je crois que je pourrai retarder leur départ,
Et me donner le temps qui sera nécessaire
Pour tâcher de finir cette fameuse affaire.
Il s'est fait un grand vol ; par qui ? l'on n'en sait rien :
Eux autres rarement passent pour gens de bien ;
Je veux adroitement, sur un soupçon frivole,
Faire pour quelques jours emprisonner ce drôle.
Je sais des officiers, de justice altérés,
Qui sont pour de tels coups de vrais délibérés ;
Dessus l'avide espoir de quelque paraguante (27),
Il n'est rien que leur art aveuglément ne tente ;
Et du plus innocent, toujours à leur profit
La bourse est criminelle, et paye son délit.



ACTE V.
-------

Scène première. - Mascarille, Ergaste.


- Mascarille -

Ah ! chien ! ah ! double chien ! mâtine de cervelle !
Ta persécution sera-t-elle éternelle ?

- Ergaste -

Par les soins vigilants de l'exempt Balafré,
Ton affaire allait bien, le drôle était coffré,
Si ton maître au moment ne fût venu lui-même,
En vrai désespéré, rompre ton stratagème :
Je ne saurais souffrir, a-t-il dit hautement,
Qu'un honnête homme soit traîné honteusement ;
J'en réponds sur sa mine, et je le cautionne :
Et, comme on résistait à lâcher sa personne,
D'abord il a chargé si bien sur les recors,
Qui sont gens d'ordinaire à craindre pour leur corps,
Qu'à l'heure que je parle ils sont encore en fuite,
Et pensent tous avoir un Lélie à leur suite.

- Mascarille -

Le traître ne sait pas que cet Egyptien
Est déjà là-dedans pour lui ravir son bien.

- Ergaste -

Adieu. Certaine affaire à te quitter m'oblige.


-----------

Scène II. - Mascarille.


- Mascarille -

Oui, je suis stupéfait de ce dernier prodige.
On dirait (et pour moi j'en suis persuadé)
Que ce démon brouillon dont il est possédé
Se plaise à me braver, et me l'aille conduire
Partout où sa présence est capable de nuire.
Pourtant je veux poursuivre, et, malgré tous ces coups,
Voir qui l'emportera de ce diable ou de nous.
Célie est quelque peu de notre intelligence,
Et ne voit son départ qu'avecque répugnance.
Je tâche à profiter de cette occasion.
Mais ils viennent ; songeons à l'exécution.
Cette maison meublée est en ma bienséance,
Je puis en disposer avec grande licence ;
Si le sort nous en dit, tout sera bien réglé ;
Nul que moi ne s'y tient, et j'en garde la clé.
O Dieu ! qu'en peu de temps on a vu d'aventures,
Et qu'un fourbe est contraint de prendre de figures !


-----------

Scène III. - Célie, Andrès.


- Andrès -

Vous le savez, Célie, il n'est rien que mon coeur
N'ait fait pour vous prouver l'excès de son ardeur.
Chez les Vénitiens, dès un assez jeune âge,
La guerre en quelque estime avait mis mon courage,
Et j'y pouvais un jour, sans trop croire de moi,
Prétendre, en les servant, un honorable emploi ;
Lorsqu'on me vit pour vous oublier toute chose,
Et que le prompt effet d'une métamorphose,
Qui suivit de mon coeur le soudain changement,
Parmi vos compagnons sut ranger votre amant,
Sans que mille accidents, ni votre indifférence,
Aient pu me détacher de ma persévérance.
Depuis, par un hasard, d'avec vous séparé
Pour beaucoup plus de temps que je n'eusse auguré,
Je n'ai, pour vous rejoindre, épargné temps ni peine ;
Enfin, ayant trouvé la vieille Egyptienne,
Et plein d'impatience, apprenant votre sort,
Que pour certain argent qui leur importait fort,
Et qui de tous vos gens détourne le naufrage,
Vous aviez en ces lieux été mise en otage,
J'accours vite y briser ces chaînes d'intérêt,
Et recevoir de vous les ordres qu'il vous plaît :
Cependant on vous voit une morne tristesse,
Alors que dans vos yeux doit briller l'allégresse.
Si pour vous la retraite avait quelques appas,
Venise, du butin fait parmi les combats,
Me garde pour tous deux de quoi pouvoir y vivre ;
Que si, comme devant, il vous faut encor suivre,
J'y consens, et mon coeur n'ambitionnera
Que d'être auprès de vous tout ce qu'il vous plaira.

- Célie -

Votre zèle pour moi visiblement éclate :
Pour en paraître triste, il faudrait être ingrate,
et mon visage aussi, par son émotion,
N'explique point mon coeur en cette occasion.
Une douleur de tête y peint sa violence ;
Et si j'avais sur vous quelque peu de puissance,
Notre voyage, au moins pour trois ou quatre jours,
Attendrait que ce mal eût pris un autre cours.

- Andrès -

Autant que vous voudrez, faites qu'il se diffère.
Toutes mes volontés ne butent qu'à vous plaire.
Cherchons une maison à vous mettre en repos.
L'écriteau que voici s'offre tout à propos.


-----------

Scène IV. - Célie, Andrès, Mascarille, déguisé en Suisse.


- Andrès -

Seigneur Suisse, êtes-vous de ce logis le maître ?

- Mascarille -

Moi pour serfir à fous.

- Andrès -

Pourrons-nous y bien être !

- Mascarille -

Oui ; moi pour détrancher chafons champre carni.
Mais che non point locher te chans te méchant vi.

- Andrès -

Je crois votre maison franche de tout ombrage.

- Mascarille -

Fous noufeau dans sti fil, moi foir à la fissage.

- Andrès -

Oui.

- Mascarille -

La matame est-il mariage al monsieur ?

- Andrès -

Quoi ?

- Mascarille -

S'il être son fame, ou s'il être son soeur ?

- Andrès -

Non.

- Mascarille -

Mon foi, pien choli ; fenir pour marchantisse,
Ou pien pour temanter à la palais choustice ?
La procès il faut rien, il coûter tant t'archant !
La procurair larron, l'afocat pien méchant.

- Andrès -

Ce n'est pas pour cela.

- Mascarille -

Fous tonc mener sti file
Pour fenir pourmener et recarter la file ?

- Andrès -

(A Célie.)

Il n'importe. Je suis à vous dans un moment.
Je vais faire venir la vieille promptement,
Contremander aussi notre voiture prête.

- Mascarille -

Li ne porte pas pien.

- Andrès -

Elle a mal à la tête.

- Mascarille -

Moi chafoir te pon fin, et te fromage pon.
Entre fous, entre fous tans mon petit maisson.

(Célie, Andrès et Mascarille entrent dans la maison.)


-----------

Scène V. - Lélie.


- Lélie -

Quel que soit le transport d'une âme impatiente,
La parole m'engage à rester en attente,
A laisser faire un autre, et voir sans rien oser,
Comme de mes destins le ciel veut disposer.


-----------

Scène VI. - Andrès, Lélie.


- Lélie -

(A Andrès, qui sort de la maison.)

Demandiez-vous quelqu'un dedans cette demeure ?

- Andrès -

C'est un logis garni que j'ai pris tout à l'heure.

- Lélie -

A mon père pourtant la maison appartient,
Et mon valet, la nuit pour la garder s'y tient.

- Andrès -

Je ne sais ; l'écriteau marque au moins qu'on la loue ;
Lisez.

- Lélie -

Certes, ceci me surprend, je l'avoue.
Qui diantre l'aurait mis ? et par quel intérêt... ?
Ah ! ma foi, je devine à peu près ce que c'est !
Cela ne peut venir que de ce que j'augure.

- Andrès -

Peut-on vous demander quelle est cette aventure ?

- Lélie -

Je voudrais à tout autre en faire un grand secret ;
Mais pour vous il n'importe, et vous serez discret.
Sans doute l'écriteau que vous voyez paraître,
Comme je conjecture, au moins, ne saurait être
Que quelque invention du valet que je di,
Que quelque noeud subtil qu'il doit avoir ourdi
Pour mettre en mon pouvoir certaine Egyptienne
Dont j'ai l'âme piquée, et qu'il faut que j'obtienne.
Je l'ai déjà manquée, et même plusieurs coups.

- Andrès -

Vous l'appelez ?

- Lélie -

Célie.

- Andrès -

Eh ! que ne disiez-vous ?
Vous n'avez qu'à parler, je vous aurais sans doute
Epargné tous les soins que ce projet vous coûte.

- Lélie -

Quoi ? vous la connaissez ?

- Andrès -

C'est moi qui maintenant
Viens de la racheter.

- Lélie -

O discours surprenant !

- Andrès -

Sa santé de partir ne nous pouvant permettre,
Au logis que voilà je venais de la mettre ;
Et je suis très ravi, dans cette occasion,
Que vous m'ayez instruit de votre invention.

- Lélie -

Quoi ? j'obtiendrais de vous le bonheur que j'espère ?
Vous pourriez... ?

- Andrès -

(allant frapper à la porte.)

Tout à l'heure on va vous satisfaire.

- Lélie -

Que pourrai-je vous dire ? Et quel remerciement... ?

- Andrès -

Non, ne m'en faites point, je n'en veux nullement.


-----------

Scène VII. - Lélie, Andrès, Mascarille.


- Mascarille -

(à part.)

Eh bien ! Ne voilà pas mon enragé de maître !
Il nous va faire encor quelque nouveau bissêtre (28).

- Lélie -

Sous ce grotesque habit qui l'aurait reconnu ?
Approche, Mascarille, et sois le bienvenu.

- Mascarille -

Moi souis ein chant t'honneur, moi non point Maquerille.
Chai point fentre chamais le fame ni le fille.

- Lélie -

Le plaisant baragouin ! il est bon, sur ma foi !

- Mascarille -

Alez fous pourmener, sans toi rire te moi.

- Lélie -

Va, va, lève le masque, et reconnais ton maître.

- Mascarille -

Partié ! tiable, mon foi chamais toi chai connaître.

- Lélie -

Tout est accommodé, ne te déguise point.

- Mascarille -

Si toi point t'en aller, che paille ein coup te poing.

- Lélie -

Ton jargon allemant est superflu, te dis-je ;
Car nous sommes d'accord ; et sa bonté m'oblige.
J'ai tout ce que mes voeux lui pouvaient demander,
Et tu n'as pas sujet de rien appréhender.

- Mascarille -

Si vous êtes d'accord par un bonheur extrême,
Je me dessuisse donc, et redeviens moi-même.

- Andrès -

Ce valet vous servait avec beaucoup de feu.
Mais je reviens à vous, demeurez quelque peu.


-----------

Scène VIII. - Lélie, Mascarille.


- Lélie -

Eh bien ! que diras-tu ?

- Mascarille -

Que j'ai l'âme ravie
De voir d'un beau succès notre peine suivie.

- Lélie -

Tu feignais à sortir de ton déguisement,
Et ne pouvais me croire en cet événement.

- Mascarille -

Comme je vous connais, j'étais dans l'épouvante,
Et trouve l'aventure aussi fort surprenante.

- Lélie -

Mais confesse qu'enfin c'est avoir fait beaucoup.
Au moins j'ai réparé mes fautes à ce coup,
Et j'aurai cet honneur d'avoir fini l'ouvrage.

- Mascarille -

Soit ; vous aurez été bien plus heureux que sage.


-----------

Scène IX. - Célie, Andrès, Lélie, Mascarille.


- Andrès -

N'est-ce pas là l'objet dont vous m'avez parlé ?

- Lélie -

Ah ! quel bonheur au mien pourrait être égalé !

- Andrès -

Il est vrai, d'un bienfait je vous suis redevable.
Si je ne l'avouais, je serais condamnable :
Mais enfin ce bienfait aurait trop de rigueur,
S'il fallait le payer aux dépens de mon coeur.
Jugez, dans le transport où sa beauté me jette,
Si je dois à ce prix vous acquitter ma dette !
Vous êtes généreux, vous ne le voudriez pas :
Adieu. Pour quelques jours retournons sur nos pas.


-----------

Scène X. - Lélie, Mascarille.


- Mascarille -

(après avoir chanté.)

Je ris, et toutefois je n'en ai guère envie ;
Vous voilà bien d'accord, il vous donne Célie ;
Hem ! vous m'entendez bien.

- Lélie -

C'est trop ; je ne veux plus
Te demander pour moi de secours superflus.
Je suis un chien, un traître, un bourreau détestable,
Indigne d'aucun soin, de rien faire incapable.
Va, cesse tes efforts pour un malencontreux,
Qui ne saurait souffrir qu'on le rende heureux.
Après tant de malheurs, après mon imprudence,
Le trépas me doit seul prêter son assistance.


-----------

Scène XI. - Mascarille.


- Mascarille -

Voilà le vrai moyen d'achever son destin ;
Il ne lui manque plus que de mourir enfin,
Pour le couronnement de toutes ses sottises.
Mais en vain son dépit pour ses fautes commises
Lui fait licencier mes soins et mon appui,
Je veux, quoi qu'il en soit, le servir malgré lui,
Et dessus son lutin obtenir la victoire.
Plus l'obstacle est puissant, plus on reçoit de gloire ;
Et les difficultés dont on est combattu
Sont les dames d'atours qui parent la vertu.


-----------

Scène XII. - Célie, Mascarille.


- Célie -

(A Mascarille, qui lui a parlé bas.)

Quoi que tu veuilles dire, et que l'on se propose,
De ce retardement j'attends fort peu de chose.
Ce qu'on voit de succès peut bien persuader
Qu'ils ne sont pas encor fort près de s'accorder :
Et je t'ai déjà dit qu'un coeur comme le nôtre
Ne voudrait pas pour l'un faire injustice à l'autre,
Et que très fortement, par de différents noeuds,
Je me trouve attachée au parti de tous deux.
Si Lélie a pour lui l'amour et sa puissance,
Andrès pour son partage a la reconnaissance,
Qui ne souffrira point que mes pensers secrets
Consultent jamais rien contre ses intérêts.
Oui, s'il ne peut avoir plus de place en mon âme,
Si le don de mon coeur ne couronne sa flamme,
Au moins dois-je ce prix à ce qu'il fait pour moi
De n'en choisir point d'autre, au mépris de sa foi,
Et de faire à mes voeux autant de violence
Que j'en fais aux désirs qu'il met en évidence.
Sur ces difficultés qu'oppose mon devoir,
Juge ce que tu peux te permettre d'espoir.

- Mascarille -

Ce sont, à dire vrai, de très fâcheux obstacles,
Et je ne sais point l'art de faire des miracles ;
Mais je vais employer mes efforts plus puissants,
Remuer terre et ciel, m'y prendre de tous sens
Pour tâcher de trouver un biais salutaire,
Et vous dirai bientôt ce qui se pourra faire.


-----------

Scène XIII. - Hippolyte, Célie.


- Hippolyte -

Depuis votre séjour, les dames de ces lieux
Se plaignent justement des larcins de vos yeux,
Si vous leur dérobez leurs conquêtes plus belles
Et de tous leurs amants faites des infidèles :
il n'est guère de coeurs qui puissent échapper
Aux traits dont à l'abord vous savez les frapper ;
Et mille libertés, à vos chaînes offertes,
Semblent vous enrichir chaque jour de nos pertes.
Quant à moi, toutefois, je ne me plaindrais pas
Du pouvoir absolu de vos rares appas,
Si, lorsque mes amants sont devenus les vôtres,
Un seul m'eût consolé de la perte des autres :
Mais qu'inhumainement vous me les ôtiez tous,
C'est un dur procédé dont je me plains à vous.

- Célie -

Voilà d'un air galant faire une raillerie ;
Mais épargnez un peu celle qui vous en prie.
Vos yeux, vos propres yeux se connaissent trop bien,
Pour pouvoir de ma part redouter jamais rien ;
Ils sont fort assurés du pouvoir de leurs charmes,
Et ne prendront jamais de pareilles alarmes.

- Hippolyte -

Pourtant en ce discours je n'ai rien avancé
Qui dans tous les esprits ne soit déjà passé ;
Et sans parler du reste, on sait bien que Célie
A causé des désirs à Léandre et Lélie.

- Célie -

Je crois qu'étant tombés dans cet aveuglement,
Vous vous consoleriez de leur perte aisément,
Et trouveriez pour vous l'amant peu souhaitable
Qui d'un si mauvais choix se trouverait capable.

- Hippolyte -

Au contraire, j'agis d'un air différent,
Et trouve en vos beautés un mérite si grand ;
J'y vois tant de raisons capables de défendre
L'inconstance de ceux qui s'en laissent surprendre,
Que je ne puis blâmer la nouveauté des feux
Dont envers moi Léandre a parjuré ses voeux,
Et le vais voir tantôt, sans haine et sans colère,
Ramené sous mes lois par le pouvoir d'un père.


-----------

Scène XIV. - Célie, Hippolyte, Mascarille.


- Mascarille -

Grande, grande nouvelle, et succès surprenant,
Que ma bouche vous vient annoncer maintenant !

- Célie -

Qu'est-ce donc ?

- Mascarille -

Ecoutez ; voici sans flatterie...

- Célie -

Quoi ?

- Mascarille -

La fin d'une vraie et pure comédie
La vieille Egyptienne à l'heure même...

- Célie -

Eh bien ?


- Mascarille -

Passait dedans la place, et ne songeait à rien,
Alors qu'une autre vieille assez défigurée
L'ayant de près au nez longtemps considérée,
Par un bruit enroué de mots injurieux,
A donné le signal d'un combat furieux,
Qui pour armes pourtant, mousquets, dagues ou flèches,
Ne faisait voir en l'air que quatres griffes sèches,
Dont ces deux combattants s'efforçaient d'arracher
Ce peu que sur leurs os les ans laissent de chair.
On n'entend que ces mots, chienne, louve, bagasse.
D'abord leurs escoffions (29) ont volé par la place,
Et laissant voir à nu deux têtes sans cheveux,
Ont rendu le combat risiblement affreux.
Andrès et Trufaldin, à l'éclat du murmure,
Ainsi que force monde, accourus d'aventure,
Ont à les décharpir (30) eu de la peine assez,
Tant leurs esprits étaient par la fureur poussés.
Cependant que chacune, après cette tempête,
Songe à cacher aux yeux la honte de sa tête,
Et que l'on veut savoir qui causait cette humeur,
Celle qui la première avait fait la rumeur,
Malgré la passion dont elle était émue,
Ayant sur Trufaldin tenu longtemps la vue :
C'est vous, si quelque erreur n'abuse ici mes yeux,
Qu'on m'a dit qui viviez inconnu dans ces lieux,
A-t-elle dit tout haut ; ô rencontre opportune !
Oui, seigneur Zanobio Ruberti, la fortune
Me fait vous reconnaître, et dans le même instant
Que pour votre intérêt je me tourmentais tant.
Lorsque Naples vous vit quitter votre famille,
J'avais, vous le savez, en mes mains votre fille,
Dont j'élevais l'enfance, et qui, par mille traits,
Faisait voir, dès quatre ans, sa grâce et ses attraits.
Celle que vous voyez, cette infâme sorcière,
Dedans notre maison se rendant familière,
Me vola ce trésor. Hélas ! de ce malheur
Votre femme, je crois, conçut tant de douleur,
Que cela servit fort pour avancer sa vie :
Si bien qu'entre mes mains cette fille ravie
Me faisant redouter un reproche fâcheux,
Je vous fis annoncer la mort de toutes deux.
Mais il faut maintenant, puisque je l'ai connue,
Qu'elle fasse savoir ce qu'elle est devenue.
Au nom de Zanobio Ruberti, que sa voix,
Pendant tout ce récit, répétait plusieurs fois,
Andrès, ayant changé quelque temps de visage,
A Trufaldin surpris a tenu ce langage :
Quoi donc ! le ciel me fait trouver heureusement
Celui que jusqu'ici j'ai cherché vainement,
Et que j'avais pu voir, sans pourtant reconnaître
La source de mon sang et l'auteur de mon être !
Oui, mon père, je suis Horace votre fils.
D'Albert, qui me gardait, les jours étant finis,
Me sentant naître au coeur d'autres inquiétudes,
Je sortis de Bologne, et, quittant mes études,
Portai durant six ans mes pas en divers lieux,
Selon que me poussait un désir curieux :
Pourtant, après ce temps, une secrète envie
Me pressa de revoir les miens et ma patrie ;
Mais dans Naples, hélas ! je ne vous trouvai plus,
Et n'y sus votre sort que par des bruits confus :
Si bien qu'à votre quête ayant perdu mes peines,
Venise pour un temps borna mes courses vaines ;
Et j'ai vécu depuis, sans que de ma maison
J'eusse d'autres clartés que d'en savoir le nom.
Je vous laisse à juger si, pendant ces affaires,
Trufaldin ressentait des transports ordinaires.
Enfin, pour retrancher ce que plus à loisir
Vous aurez le moyen de vous faire éclaircir
Par la confession de votre Egyptienne,
Trufaldin maintenant vous reconnaît pour sienne ;
Andrès est votre frère ; et comme de sa soeur
Il ne peut plus songer à se voir possesseur,
Une obligation qu'il prétend reconnaître
A fait qu'il vous obtient pour épouse à mon maître
Dont le père, témoin de tout l'événement,
Donne à cet hyménée un plein consentement,
Et, pour mettre une joie entière en sa famille,
Pour le nouvel Horace a proposé sa fille.
Voyez que d'incidents à la fois enfantés !

- Célie -

Je demeure immobile à tant de nouveautés.

- Mascarille -

Tous viennent sur mes pas, hors les deux championnes,
Qui du combat encor remettent leurs personnes.
Léandre est de la troupe, et votre père aussi.
Moi je vais avertir mon maître de ceci,
Et que lorsqu'à ses voeux on croit le plus d'obstacle,
Le ciel en sa faveur produit comme un miracle.

(Mascarille sort.)

- Hippolyte -

Un tel ravissement rend mes esprits confus,
Que pour mon propre sort je n'en aurais pas plus.
Mais les voici venir.


-----------

Scène XV. - Trufaldin, Anselme, Pandolfe, Célie, Hippolyte,
Léandre, Andrès.


- Trufaldin -

Ah ! ma fille !

- Célie -

Ah ! mon père !

- Trufaldin -

Sais-tu déjà comment le ciel nous est prospère ?

- Célie -

Je viens d'entendre ici ce succès merveilleux.

- Hippolyte -

(A Léandre.)

En vain vous parleriez pour excuser vos feux,
Si j'ai devant les yeux ce que vous pouvez dire.

- Léandre -

Un généreux pardon est ce que je désire :
Mais j'atteste les cieux qu'en ce retour soudain
Mon père fait bien moins que mon propre dessein.

- Andrès -

(A Célie.)

Qui l'aurait jamais cru que cette ardeur si pure
Pût être condamnée un jour par la nature !
Toutefois tant d'honneur la sut toujours régir,
Qu'en y changeant fort peu je puis la retenir.

- Célie -

Pour moi, je me blâmais, et croyais faire faute,
Quand je n'avais pour vous qu'une estime très haute.
Je ne pouvais savoir quel obstacle puissant
M'arrêtait sur un pas si doux et si glissant,
Et détournait mon coeur de l'aveu d'une flamme
Que mes sens s'efforçaient d'introduire en mon âme.

- Trufaldin -

(A Célie.)

Mais en te recouvrant, que diras-tu de moi,
Si je songe aussitôt à me priver de toi,
Et t'engage à son fils sous les lois d'hyménée ?

- Célie -

Que de vous maintenant dépend ma destinée.


-----------

Scène XVI. - Trufaldin, Anselme, Pandolfe, Célie, Hippolyte,
Lélie, Léandre, Andrès, Mascarille.


- Mascarille -

(A Lélie.)

Voyons si votre diable aura bien le pouvoir
De détruire à ce coup un si solide espoir ;
Et si, contre l'excès du bien qui nous arrive,
Vous armerez encor votre imaginative.
Par un coup imprévu des destins les plus doux,
Vos voeux sont couronnés, et Célie est à vous.

- Lélie -

Croirai-je que du ciel la puissance absolue...

- Trufaldin -

Oui, mon gendre, il est vrai.

- Pandolfe -

La chose est résolue.

- Andrès -

(A Lélie.)

Je m'acquitte par là de ce que je vous dois.

- Lélie -

(A Mascarille.)

Il faut que je t'embrasse et mille et mille fois.
Dans cette joie...

- Mascarille -

Ahi ! ahi ! doucement, je vous prie.
Il m'a presque étouffé. Je crains fort pour Célie,
Si vous la caressez avec tant de transport :
De vos embrassements on se passerait fort.

- Trufaldin -

(A Lélie.)

Vous savez le bonheur que le ciel me renvoie ;
Mais puisqu'un même jour nous met tous dans la joie,
Ne nous séparons point qu'il ne soit terminé,
Et que son père aussi nous soit vite amené.

- Mascarille -

Vous voilà tous pourvus. N'est-il point quelque fille
Qui pût accommoder le pauvre Mascarille ?
A voir chacun se joindre à sa chacune ici,
J'ai des démangeaisons de mariage aussi.

- Anselme -

J'ai ton fait.

- Mascarille -

Allons donc, et que les cieux prospères
Nous donnent des enfants dont nous soyons les pères.






FIN DE L'ETOURDI.


-------------------------------------------------------------------------

Notes [from 1890 edition]

-----------
(1) "Gent", "gente" ne veut pas dire "gentille".
Ce mot exprime à la fois la légèreté dans la taille, la propreté
et l'élégance dans les vêtements. (Voyez Nicot et Le Duchat.)
-----------
(2) "Avoir maille à partir", c'est-à-dire à se partager,
du latin "partiri". La maille était une petite monnaie
de si peu de valeur qu'elle ne pouvait être divisée. De là le
proverbe "avoir maille à partir", se disputer sur un
partage impossible, et, par extension, avoir une dispute
interminable. Ménage dit que cette monnaie était ainsi appelée
du vieux mot français "maille", qui signifie "figure carrée",
parce que la maille avait cette forme. N'avoir ni "denier"
ni "maille" signifiait autrefois n'avoir aucune sorte de
monnaie, ni "ronde" ni "carrée".
-----------
(3) "Coucher d'imposture", pour "payer de ruses, de mensonges".
Cette manière de s'exprimer, dit Voltaire, n'est plus admise : elle vient
du jeu. On disait : "Couché de vingt pistoles", "de trente pistoles",
"couché belle".
-----------
(4) Imitation du proverbe italien : "Salir le mosche al naso".
On dit proverbialement en français, qu'"un homme est tendre aux
mouches", qu'"il prend la mouche", que "la mouche le pique",
pour exprimer qu'il est trop susceptible, qu'il se fâche mal à propos. (B.)
-----------
(5) On appelle "panneau" un filet à prendre des lièvres,
des lapins, etc. De là les expressions proverbiales "donner",
"se jeter", et "jeter quelqu'un dans le panneau". (A.)
-----------
(6) "Etre en paroles", pour "converser", "s"entretenir". On dit encore
aujourd'hui, "ils sont en paroles de mariage", "en paroles d'affaires".
Ces phrases toutes faites dérivent peut-être de la phrase dont Molière
se sert ici, et qui n'est plus d'usage.
-----------
(7) "Semondre", de "submonere", inviter, convier. Il est bon de
remarquer que ce mot était hors d'usage longtemps avant Molière.
-----------
(8) Ce demi-vers est obscur. Anselme veut dire sans doute : Plût à Dieu
qu'il dormît en paix ! que rien ne troublât le repos de son âme, car
il ne doute pas un seul instant que son ami ne soit mort, comme
le prouve le vers suivant.
-----------
(9) "Prou", vieux mot qui signifie "assez", "beaucoup". Il n'est plus
d'usage que dans ces phrases familières : "peu ou prou", "ni peu ni prou".
(B.)
-----------
(10) Il faut suppléer "le ferait ; mais je ne le ferai pas". Cette
locution elliptique, très commune dans nos anciennes comédies, est
encore d'usage dans la conversation. (A.)
-----------
(11) "Si jamais mon bien te fut considérable", c'est-à-dire, si jamais
mon bien te fut cher, fut de quelque prix à tes yeux. Autrefois
"considérable" s'employait avec un régime.
-----------
(12) "Devis", propos familiers, propos qui font passer le temps.
-----------
(13) Ce mot "baie" vient de l'italien "baia". Les Italiens disent
comme nous, "dar la baia", pour "se moquer". (Ménage.)
-----------
(14) "Male", de "malus", mauvais. Ce mot est très ancien dans
notre langue. On disait dans le douxième siècle, male-femme,
male-loi, pour mauvaise femme, mauvaise loi.
-----------
(15) Ce vers fait allusion au soleil représenté sur les louis d'or
du temps de Louis XIV. Charles IX est le premier de nos rois qui ait
fait frapper des monnaies d'or avec l'effigie du soleil ; Louis XIV
est le dernier.
-----------
(16) Suivant une vieille légende, Olibrius, gouverneur des Gaules,
ne pouvant toucher le coeur de sainte Reine, la fit mourir. Le
martyre de cette sainte fut plus tard le sujet d'un grand nombre
de "mystères" qui plaisaient beaucoup au peuple. Olibrius y était
représenté comme un fanfaron ; un glorieux, "un occiseur d'innocents" ;
de là l'expression proverbiale : "faire l'Olibrius", pour "faire
le faux brave", "persécuter ceux qui sont sans défense", etc. (Voyez
le "Dictionnaire des proverbes", par la M...)
-----------
(17) Cette expression tire son origine d'un jeu fort en usage sous
le règne de Louis XIV, mais beaucoup plus ancien. Au premier jour
de mai, chacun devait se trouver muni d'une branche de verdure.
On se visitait, on tâchait de se surprendre en faute ; ces mots :
"Je vous prends sans vert", retentissaient de tous côtés, et la moindre
négligence était punie d'une amende dont le produit était destiné
à une fête champêtre où l'on célébrait le printemps.
-----------
(18) Par "amis d'épée", Molière n'entend pas "compagnons d'armes",
mais seulement "compagnons de duel".
-----------
(19) Le "teston" valait dix sous tournois, le marc d'argent étant
à douze livres dix sous ; il était appelé "teston" à cause de la tête
de Louis XII qui y était représentée. Cette monnaie, fabriquée en
1513, subsista jusqu'à Henri III. (B.)
-----------
(20) Le mot "robin" signifiait autrefois un "bouffon", un "sot",
un "facétieux". (B.) - On avait donné le nom de "robin" au mouton,
à cause de sa robe de laine. Or le mouton étant, au dire d'Aristote,
cité par Rabelais, le plus sot des animaux, le nom de "robin" est
devenu par extension celui des hommes sans esprit. (Le Duchat.)
-----------
(21) "Momon", somme d'argent que des masques jouaient aux dés. (B.) -
On donnait aussi ce nom aux personnes masquées qui s'introduisaient
dans les maisons pour jouer ou pour danser. Suivant Ménage, ce mot
vient de "Momus", dieu de la folie.
-----------
(22) "Tarare", expression burlesque, imaginée, suivant Richelet,
pour imiter le son de la trompette, et dont on se sert pour exprimer
qu'on ne veut rien entendre, qu'on n'ajoute aucune foi à la chose
qu'on nous dit.
-----------
(23) On dit proverbialement, "brider l'oison", "brider la bécasse",
pour "tromper quelqu'un", "le conduire à sa guise". Molière a fait
passer dans son vers toute l'énergie de ce proverbe.
-----------
(24) On disait autrefois, pour exprimer la voracité d'un homme :
"C'est un avaleur de pois gris". Il est probable que le proverbe
tire son origine des charlatans qui étaient dans l'usage d'avaler,
avec dextérité, devant le public, une grande quantité de ces pois.
On trouve un exemple de ce proverbe dans la "Prison" d'Assoucy,
page 45.
-----------
(25) On prononce "fillol" à la ville, dit Vaugelas, et "filleul"
à la cour ; et il ajoute : L'usage de la cour doit prévaloir sur
l'usage de la ville, sans y chercher d'autre raison. Cette décision
de Vaugelas s'est accomplie malgré l'autorité de Molière.
-----------
(26) "Tirez, tirez", est ici pour "fuyez, éloignez-vous". On dit
proverbialement, "il a tiré au large", pour "il s'est enfui".
-----------
(27) Les Espagnols disent encore : "Dar para guantes" : c'est-à-dire,
"donner pour les gants", dont nous avons fait le mot "paraguante".
(Ménage.) - On donne ce nom au présent qu'on fait à une personne
dont on a reçu quelques bons offices.
-----------
(28) Vieux mot qui signifiait "malheur", par corruption du mot
"bissexte", parce que anciennement l'année bissextile était réputée
malheureuse. (Lav.)
-----------
(29) "Escoffions", nom ancien d'une coiffe de femme. On disait
également "escoffions" ou "scoffions".
-----------
(30) "Décharpir", expression basse et populaire, mais énergique,
et qui ne se trouve pas dans le "Dictionnaire de l'Académie" : elle
signifie séparer avec effort des personnes acharnées l'une contre
l'autre.
-----------







 


Back to Full Books